La fidélité est-elle encore d'actualité ?


La fidélité, ou les idéaux de fidélité que nous avons sont mis à l’épreuve du quotidien et d’une société changeante, innovante et perturbante.Mais la fidélité est-elle importante ?

Plus que toutes les autres, les réactions face à l'infidélité offrent de voir les mécanismes à conscients ou inconscient à l'œuvre dans les couples, binaires ou non. Pour beaucoup la fidélité serait l'expression du sentiment amoureux, et une infidélité viendrait remettre toute l'histoire du couple en question, présente mais aussi passée et avenir. Alphonse Karr, écrivain du 19ème siècle disait : « La fidélité est une vertu dont on veut bien se dispenser, mais dont on dispense difficilement les autres ». Il connaissait bien son sujet et pour cause. 

Sommes-nous faits pour la fidélité ?

La fidélité chez l'humain comme chez l'animal repose sur l'assurance de la fidélité des femmes pour une raison bien simple : le père d'un enfant est toujours incertain. Il est donc primordial, pour ne pas dire vital, pour l'homme ou le mâle dans le règne animal, de savoir avec certitude que leur progéniture est bien de leur semence, et perpétuera leur lignée.

Jusqu'au 19ème siècle la fidélité était un principe essentiellement imposée aux femmes par les hommes. Les hommes avaient le droit de fréquenter les maisons closes, d'entretenir des relations hors mariage, ils avaient des « besoins » comme on disait à l'époque et le principe de plaisir justifiait leur conduite.

La femme en revanche, n'avait pas le droit au plaisir féminin, à l'orgasme, elles devaient s'épanouir dans le mariage et essentiellement dans la maternité. C'est le mariage qui faisait de la fille une dame et la maternité qui faisait de la dame une femme, complète. Ainsi les hommes ont toujours mis en place avec beaucoup de créativité, des règles, des stratégies, pour s'assurer de la fidélité de la femme et être certain du lien de paternité des enfants à naitre.

Après la ménopause la fidélité n'est plus autant consacrée et il est implicitement toléré, que la femme qui n'est plus en âge de procréer ait accès au plaisir, à l'orgasme et soit infidèle.

A partir du XXème siècle en France comme ailleurs en Europe, la voix des femmes a fini par se faire entendre, au-delà de celle des hommes. Avec la reconnaissance du plaisir féminin, avec la contraception et l'accès au travail, la femme s'est rendue indépendante et autonome et aujourd'hui la question de la fidélité dans le couple se pose pour les deux partenaires autant dans les couples hétérosexuels ou homosexuels.

L'amour conjugal est une idée neuve. Jusqu'à la fin du XIXème siècle, le couple conjugal ne devait rien à l'amour. C'était une affaire d'alliance et le creuset du fondement de la famille. Le couple conjugal était le point de départ incontournable de la transmission familiale et sociale.

Transmission du patrimoine, de l'entreprise, de la terre, de la maison, de l'éducation, des valeurs. Par ailleurs faire couple est quasiment une obligation, les célibataires sont cyniquement désignés comme des « vieilles filles » et des « vieux garçons » ; sous-entendu des filles et des garçons qui n'ont jamais accédé au statut d'homme et de femme.

L'amour n'était pas prévu au contrat ! L'avantage avec les contrats c'est qu'on peut y ajouter des avenants ! « La guerre a bouleversé l'amour », dit Blaise Cendrars. Après les horreurs de la grand guerre (1914/1918), les femmes et les hommes ont un grand besoin d'amour et se reconnaissent en comme des êtres désirants.

Désormais, l'amour reste la raison première pour laquelle on s'unit et avec elle vient la revendication de la fidélité. Pourquoi cela ? Pour faire de cette relation amoureuse la plus unique d'entre toutes ! Une relation amoureuse exclusive à l'intérieur de laquelle aucune autre personne n'est autorisée à entrer ; une sorte de bulle d'intimité privilégiée qui n'appartient qu'au couple amoureux. Plus que l'amour, ce serait la satisfaction qui serait le moteur de la fidélité. L'insatisfaction mène à l'infidélité. L'insatisfaction de l'un par rapport à l'autre mais aussi, et surtout, l'insatisfaction de l'un par rapport à lui-même.

Que l'on soit jaloux ou coureur, on est infidèle dans un pathétique besoin de se rassurer soi-même, pour renarcissiser un moi faible, une estime de soi au plus bas niveau. On trompe rarement par amour d'un autre, mais plus par désir d'un autre. Bien souvent, la culpabilité survient après la tromperie, et avec elle la question : faut-il avouer son infidélité ?

Infidélité et stress post-traumatique

C'est une question à bien penser, à bien peser. Parler pour soulager une culpabilité n'est pas toujours la meilleure option. Car les conséquences d'une tromperie peuvent être destructrices. On sait que lorsque vient la révélation de l'infidélité, l'onde de choc est comparable à celle d'un séisme : dévastateur. La personne trompée peut présenter des symptômes similaires à ceux du stress post-traumatique. De toutes les crises qu'un couple traverse, l'infidélité est de loin celle qui prend le plus de temps à guérir, si tant est que la guérison puisse intervenir.

Le monde dans lequel le couple évoluait jusqu'à la révélation de la tromperie, vient subitement de s'effondrer. Avec lui, s'écroule la confiance, l'estime de soi et le couple ébranlé perd sa stabilité. Quand la vision qu'on de son monde s'effondre, c'est le psychisme de la personne trompée qui s'effondre.

L'infidélité peut-elle sauver un couple ?

Si l'infidélité est très souvent la blessure la plus difficile à réparer au sein d'un couple, elle peut parfois créer une crise salvatrice. L'infidélité peut s'entendre comme un cri sur une insatisfaction qui n'a pas été prise en compte. La crise qui en découle peut ouvrir des lignes de communications fermées depuis toujours et ramener le dialogue et la compréhension ; si l'amour est toujours présent des deux côtés, alors le couple peut repartir. Mais il faudra beaucoup de patience et de constance pour que le gout amer de la trahison s'estompe et que revienne la confiance mutuelle.

Le problème réside dans le fait que les couples parlent très rarement au début de la relation de la fidélité dans leur couple. Rares sont les couples qui exposent clairement au début de leur relation ou de leur union (pacs, mariage, concubinage) qu'ils souhaitent une union exclusive et donc qui demandent à leur partenaire d'être fidèle.

La fidélité n'est pas toujours le ciment du couple, c'est bien souvent le désir chez les couples ayant une activité sexuelle prépondérante, chez ceux pour qui la sexualité est secondaire, le ciment sera la confiance, le respect, une intimité.

Certains couples infidèles évoquent la loyauté comme ciment de leur couple. Ils sont infidèles l'un à l'autre mais sont loyaux l'un envers l'autre. Ils trompent, ne sont pas exclusifs dans leurs relations sexuelles, mais sont loyaux l'un à l'autre. Ils partagent le même lieu de vie, ont des enfants ensembles, se préoccupent ensemble de leur éducation, et se soutiennent dans les difficultés de la vie. Une autre façon de les qualifier serait de dire qu'ils sont infidèles sexuellement mais pas émotionnellement ou financièrement.

La fidélité comporterait des nuances, et l'on pourrait être fidèle à diverses composantes du couple. Fidèle émotionnellement, fidèle affectivement, fidèle financièrement, fidèle parentalement etc... Ainsi on pourrait être fidèle mais non exclusif tout en étant loyal.

Certaines personnes qui auparavant étaient infidèles, forment des couples libres ou des couples polyamoureux. L'infidélité, si elle est consentie par les deux partenaires au départ, peut être vécue autrement que tragiquement. Mais attention, ! On ne décide pas de devenir couple libre de façon unilatérale ou au milieu d'une relation dès lors qu'on a commis une infidélité. Tout doit être explicité au début de la relation.

Le couple libre accepte que l'autre ait des relations sexuelles en dehors du couple mais ne partagent pas sur ces relations extra-conjugales. Elles restent secrêtes même si l'autre sait qu'elles existent. C'est toute la différence avec les couples polyamoureux, qui eux ne se cachent pas, et ne considèrent pas ces relations comme étant « extra-conjugales ». Avoir des relations sexuelles avec d'autres partenaires fait partie intégrante du contrat de départ. Il y aurait donc de la fidélité dans l'infidélité, encore faut-il savoir la communiquer à son conjoint avant de la commettre.

La fidélité, une nouvelle modernité ?

Dans une société ou tout change à la vitesse de la lumière, la valeur « fidélité » est une vertu qui apparait à certains comme le symbole d'un retour aux valeurs anciennes, sécurisantes et rassurantes dans un monde toujours plus anxiogène. La fidélité nécessite de l'effort, de la réflexion et les couples qui l'érigent comme valeur fondamentale de la réussite de leur couple attendent de voir leurs efforts récompensés par une sérénité psychique et une stabilité inébranlable.

Dans tous les cas, la sagesse dicte à chacun des couples en devenir de prendre le temps de se mettre au clair sur leurs désirs au moment de débuter une relation. Comme dit le vieil adage : "ce qui va bien sans le dire, va mieux en le disant." C'est le contrat de départ qui est important, pas que vous choisissiez d'être un couple fidèle, infidèle, libre ou polyamoureux. Sachez communiquer et l'amour fera le reste !


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